Ma devise
J’en rirai
Je suis dans le(s) groupe(s)
Je pense être agoraphobe depuis…
Ma première interrogation sur des ressentis bizarres remonte à une soutenance de mémoire en 2002. Je me suis rendu à cette soutenance et une fois arrivé, en avance évidemment, j’ai été pris de fatigue soudaine, bâillements et nausées… Je suis allé à la pharmacie pour des anti-vomitifs et j’ai demandé à décaler l’oral. Je suis rentré chez moi, épuisé, j’ai dormi. Là je me suis demandé pourquoi mon corps était si agité…
Cette prise de conscience de la présence d’une douleur sourde a ouvert la porte je crois à ce que s’installe l’angoisse plus confortablement chez moi. J’ai eu d’autres « crises ». A l’époque je fumais régulièrement de l’herbe, je pouvais prendre des psychotropes en soirée…puis une rupture amoureuse, un voyage en Asie et bim! J’ai compris. Compris que finalement c’était là depuis toujours, que mes déboires amoureux et mes petits plaisirs ont ouverts les vannes mais que le « Demogorgon » ;) était présent depuis tout petit. Compris que mon père était touché par l’agoraphobie lui aussi. A l’époque ils appelaient ça spasmophilie. Mais qu’en fait c’était le même mal. Que c’était un quotidien que je n’avais pas voulu voir.
Mon évolution
A la même époque je décide de quitter Paris et toute ma famille pour aller bosser en Dordogne, dans un petit centre culturel. Pensant aller mieux à l’écart de l’agitation, me mettre au vert finalement je me suis finalement un peu isolé… Mais cela m’a permis aussi de m’affranchir du regard de mon entourage, d’aller au devant d’un nouveau moi qui se dessinait, qui me rendait triste souvent mais qui restait combatif. Je suis allé voir un psy, j’ai commencé le théâtre, j’ai découvert une région magnifique.
Ce n’était pas encore la mode du développement personnel mais j’étais un peu dans ce délire. Moi qui ait grandi dans les quartiers populaires du sud parisien je dois avouer que simplement avoir un spray aux Fleurs de Bach dans la poche était pour moi un pas de géant vers l’Eveil ;))
Bref, j’ai continué mes pérégrinations personnelles et professionnelles dans le Sud-Ouest. Je me suis installé à Bordeaux, j’ai travaillé quelques années en prison, et oui, en prison, avec des grilles partout, des endroits clos que d’autres ouvrent pour toi s’il veulent bien tandis que tu partages ces moments d’attente avec meurtriers, voleurs, violeurs…des coursives sans surveillants où seul tu dois aller chercher en cellule des détenus pour faire des activités culturelles…J’ai malgré tout adoré cette expérience. J’ai également fondé une famille, repris les études pour faire du théâtre, connu des échecs professionnels et amoureux encore, suivi bon an mal an psychanalyse ou psychothérapie, voyagé aussi parfois… Tout reste fragile, l’agoraphobie y est un peu pour quelque chose mais elle m’impose aussi au travers ces remises en question incessantes à toujours tenter d’aller chercher ma petite vérité personnelle. Tout ça avec une consommation ultra modérée d’anxiolytiques. Je dirais de façon exceptionnelle.
Ce qui a marché pour moi
J’ai récemment compris que ça passait par l’ancrage dans le présent et dans les états de corps. Trois choses me permettent un ancrage dans le présent éloignant clairement mes états d’angoisse et d’agoraphobie. Le sexe, la course à pieds et le théâtre. Dans l’ordre inverse même. Le théâtre, la course à pieds et le sexe. Et j’en use de façon passionnée, pas excessive, je dirais plutôt comme mes espaces privilégiés que je chéris. Je le dis aussi sincèrement que je ne suis pas du tout compulsif dans aucune de ses passions. Raisonné et passionné. Cela me permet de gagner assez de confiance pour rester en relation aux autres ce qui est la base pour se sentir mieux.
Mes challenges futurs
Courir un trail en montagne en Juin prochain sur une distance marathon. Réussir à avancer dans mes projets personnels de théâtre. Stabiliser ma situation professionnelle ;))
Si cela semble éloigné de l’agoraphobie, pas du tout. Courir en montagne, c’est un challenge, faut y aller, faut se préparer, faut assumer d’avoir des défaillances physiques et d’avoir besoin des autres. Ecrire pour le théâtre et tenter de le faire entendre c’est aussi assumer le regard des autres, travailler, ne pas reporter au lendemain toujours et exprimer ses doutes et ses joies… Stabiliser ma situation professionnelle c’est aussi accepter certaines contraintes quotidiennes, les réunions (pfiou la galère…), les transports (re pfiou…. galère de fou….), les responsabilités (bon bah là c’est pfiou puissance 10…).
Pour moi, dans 5 ans…
Heureux et détendu avec un quotidien peut-être un peu stressant mais je me rêve une sorte de planque en mode tiny house sur un petit terrain en Dordogne pour sortir du quotidien avec mes enfants les week-ends. Tout simplement.
Un mot pour ceux qui me lisent
En fait ça peut être marrant. Je veux dire quand on y pense c’est possible d’en rire. Ce côté frisson, sueurs froides, palpitations, panique…bon quand tu le vis t’es au bout de toi même mais c’est franchement disproportionné avec le réel. C’est un peu comme être un skieur de l’extrême qui na que le droit de descendre ses escaliers. Je dis ça parce que je pense que nous agoraphobes nous sommes ultra-vivants et qu’en fait nous avons un tel appétit de vivre que ça nous dépasse parfois.
Une expérience marrante de paniqueur !
J’ai couru mon premier marathon il y a deux ans. J’avais un cachet de lysanxia dans une petite poche de mon short de runnning. Au cas où, on sait jamais. A un moment j’ai senti comme une montée d’angoisse, au bout du 12 ou 15ème km…donc il me restait du chemin…j’ai vérifié qu’il était bien là…bah il avait fondu…mais j’ai continué, en fait j’ai réussi à ne pas en avoir besoin mais j’avais tout de même commencé à rédiger un texto pour dire à ma compagne que je ne me sentais pas bien. Tout ça en continuant de courir…
Mon gri-gri
Non. J’évite d’oublier mon téléphone et un paquet de biscuit et de me sentir trop moche. C’est très personnel.
Merci Jay-Jay pour ce beau témoignage. C’est vrai qu’après une crise, l’humour et l’autoderision peuvent vraiment aider. Bravo aussi pour cette autodiscipline de vie. Moi c’est un peu le contraire. Après une crise, je dévore tout ce que je trouve… Surtout du chocolat.
Bref ton histoire est encourageante et donne des pistes de réflexion.
Bonjour,
Je découvre que c’est en ligne… Merci pour les retours, j’ai vu beaucoup de coquilles aussi…j’en suis désolé…Je serais vraiment content qu’on discute mardi sur le tchat!
Mince je n’ai pas pensé à te corriger, ou osé, bref envoie moi un mail pour changements si besoin! Et merci encore de ta participation ;)
Ok, je te ferai un mail. Et merci à toi, site classe. Et sûrement pas mal de taf. Bravo!
J’avoue, j’en ai ri… mais, jai aussi été émue par ce beau témoignage. Il me semble très important de contrebalancer ces effroyables moments de vives douleurs par de l’humour et de l’autodérision…
Belle leçon de vie, beau courage, belles espérances… Bien à vous…
Très beau témoignage Merci c’est vrai ça fait du bien
Merci Freedom!
Chouette ce témoignage!
Bravo pour le courage des marathons!
Merci Janis! Les marathons c’est pour se fixer des objectifs sinon…je suis un dilettante… ;)
Pour ma part je le dis sans problème aux gens maintenant. Je ne sais pas quelle est l’attitude qui aide le plus.
Et oui on ne rigole pas tous les jours c’est certain…:)
Jolie présentation pleine d’humour, ça fait du bien.
Ici on est optimiste! Et on s’auto-fout de notre gueule :)
Super témoignage.
En effet il faut en rire. Parfois je me dis que je suis vraiment un débile fini d’avoir eu peur de ci ou ça…
:) Ha mais non, personne n’est débile! C’est comme ça! Chacun son truc….
Non, pas débile, souvent je ne rigole pas…C’est chaud mais un peu de recul c’est nécessaire…J’ai des potes qui me charrient aussi…Parce que passé un moment j’ai osé le dire et l’annoncer aux proches…
Pour ma part je le dis sans problème aux gens maintenant. Je ne sais pas quelle est l’attitude qui aide le plus.
Et oui on ne rigole pas tous les jours c’est certain…:)
Merci infiniment d’avoir partagé ce très beau témoignage Alice. Il est a la fois touchant, bien écrit et plutôt drôle. Tu as beaucoup de courage Jay-Jay, j’aimerais en avoir autant, et puis tu as vraiment une discipline de vie pour aller de l’avant, c’est remarquable :)
Au plaisir de discuter un jour, ou peut-être de se rencontrer :)
Gaetan (de Lyon)
Hey merci à toi! Je vous invite avec @jayjay à vous connecter mardi soir à partir de 20h sur le chat!
Hello Gaetan,
C’est vrai que je m’efforce à respecter une certaine discipline. J’ai remarqué que d’être attentif, au sommeil, à son alimentation, à son hygiène de vie, ça aide. On est en forme, on se sent bien, on gagne un peu confiance en soi, ça peut être utile quand on flanche un peu…Et tu dis que tu manques de courage mais pourquoi tu dis ça?
Pardon pour la réponse tardive Jay-Jay, je n’ai pas eu de notifs par mail ou quoi et je ne vais que tres peu sur le site.
Je suis pas très courageux dans la vie, je pourrais tenter beaucoup plus de choses, je procrastine pas mal aussi. Mais je suis pas un grand intrépide. On a une asso a Lyon pour les phobique sociaux et les agos, et je me souviens qu’un des membres de l’asso qui animait disait qu’on avait tous du courage d’être la et de se battre. mais je me retrouve pas tellement la dedans, apres je suis peut-être pas mal dans l’autocritique mais honnêtement je pense que je pourrais faire plus. Apres je suis pas un grand agoraphobe, c est assez léger (c est surtout pour les longs trajets en transport, notamment avion), et je n’ai pas la sensation de me battre ‘à fond’ dans ma vie, je pense que je serais déja ‘plus loin’ si ca a du sens de dire ca. Pareil sur l’hygiène de vie, je fais des choses mais je pourrais faire plus: je mange varié, pas mal bio (c est aussi dans mes convictions, je suis beaucoup axé environnement), mais je sais très bien que j’ai un apprt quotidien en sucres encore trop important, je pourrais faire un peu plus de sport (même si j’en fais quand meme) notamment de la marche, genre de la rando j’aimerais en faire plus. Je pourrais me poser plus de défis pour aller vers des choses que je souhaite mais qui seraient un peu/beaucoup inconfortables… Bref pas mal de choses qui font qu’en pensant à tout ça, je ne me trouve ni discipliné, ni courageux, ou en tout cas pas beaucoup :)